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La médecine chinoise : une médecine à part entière

La médecine chinoise est plusieurs fois millénaire et s'est transmise avec une remarquable continuité. Derrière la "tradition", il y a des siècles d'expérience qui ont fait leur preuve par la pratique clinique. Médecine d'État en Chine, intégrée à la pratique médicale dans de nombreux pays, elle constitue de fait un patrimoine mondial d'une richesse exceptionnelle. L'UNESCO a, du reste, inscrit l'acupuncture et la moxibustion (zhēn jiǔ 针灸) au patrimoine culturel immatériel de l'humanité (2010) et l'OMS (l'Organisation Mondiale de la Santé) a reconnu officiellement l'efficacité de la médecine chinoise et encourage et soutient le développement de son enseignement en France.


Forte de ses théories (yīn yáng 阴阳), cinq mouvements (wǔ xíng 五行), etc.) et des techniques qu'elle a élaborées au fil des siècles, la médecine chinoise est de loin la médecine naturelle la plus évoluée et aboutie. C'est un système complet et non une simple technique médicale. Ses champs d'application sont extrêmement étendus et, du fait de son approche globale de la maladie et de ses causes, elle peut intervenir sur l'ensemble des déséquilibres du corps supposés être à l'origine de la maladie

Le terme de "maladie" (bìng 病) n'a pas la même signification en médecine chinoise qu'en médecine occidentale ; c'est un dérèglement des activités du yīn (阴) et du yáng (阳), des mouvements contraires à l'ordre naturel (chap. 5 du Huáng Dì Nèi Jīng Sù Wèn (黄帝内经素问) Simples questions du classique interne de l’Empereur Jaune). Le déséquilibre se manifeste par des symptômes qui permettent d'identifier la maladie et de remonter à ses causes, de prévoir son évolution et de planifier un "principe de traitement" (zhì bìng fǎ zé 治病法则).

 

Ainsi, la médecine chinoise, dispensée autant dans les hôpitaux chinois que dans des cliniques américaines, dans les cabinets européens que dans les camps de réfugiés africains, peut, sans avoir la prétention de tout guérir, répondre à toutes les maladies. En effet, étant donné que la médecine chinoise a soigné des milliards de personnes (la plupart chinoises, évidemment) depuis plus de 2000 ans, presque toutes les conditions imaginables peuvent être traitées dans le domaine de la médecine chinoise.

 

« Lorsque les cinq organes yin et les six organes yang sont malades, c'est comme s'il y avait une épine, de la saleté, un nœud ou un blocage. Même si l'épine est là depuis longtemps, on peut réussir à l'enlever. Même si le nœud est là depuis longtemps, on peut réussir à le défaire. Même si le blocage est là depuis longtemps, on peut réussir à le lever. [Ceux qui] disent que les maladies anciennes ne peuvent disparaître ne savent pas de quoi ils parlent. Ceux [qui] utilisent des aiguilles doivent rechercher [la cause de] la maladie. Alors on va pouvoir enlever l'épine, nettoyer la saleté, défaire le nœud et lever le blocage. Même si une maladie est ancienne, on peut l'arrêter. Ceux qui prétendent que [ces situations] ne peuvent pas se traiter n'ont pas encore atteint leur capacités. »

(Huáng Dì Nèi Jīng Líng Shū (黄帝内经灵枢) Pivot spirituel du classique interne de l’Empereur Jaune (c. 400 AEC-260 EC) - Chapitre 1).

Thérapeutiques

L'acupuncture et la moxibustion

L'acupuncture et la moxibustion (zhēn jiǔ 针灸) constitue une composante importante de la médecine chinoise.  L'acupuncture est la thérapeutique qui a le plus retenu l'attention des Occidentaux, car la plus originale par rapport aux autres traditions médicales. Son efficacité est reconnue par l'OMS (l'Organisation Mondiale de la Santé). Elle consiste en l’insertion superficielle d’aiguilles extrêmement fines dans des zones anatomiques très précises nommées “points d’acupuncture”. Le but est de stimuler des processus physiologiques, d’induire des impulsions thérapeutiques afin de rétablir le bon fonctionnement du corps. Quant à la moxibustion, elle consiste à faire chauffer lentement des feuilles d'armoise, Folium Artemisiae Argyi (ài yè 艾叶 en chinois), sur une zone du corps ou un point d’acupuncture. Cette herbe sèche peut se positionner sur le manche d’une aiguille d’acupuncture, ou s’utilise sous forme de petits cônes de la taille d’un grain de riz (moxibustion japonaise), ou encore de plus gros cônes que l’on place, par exemple, sur une tranche de gingembre frais. Les effets de la moxibustion sont agréables et particulièrement puissants pour la fatigue, les faiblesses ou les douleurs.

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La phytothérapie chinoise

"Qui a dit que les anciennes prescriptions ne peuvent être utilisées pour traiter les maladies modernes ?" s'interrogeait déjà en son temps Lǐ Shí Zhēn (李时珍), médecin et herboriste chinois (1518-1593). Son Běn Cǎo Gāng Mù (本草纲目) Compendium de la matière médicale (1578), est aujourd’hui encore une référence pharmacologique et est inscrit au Registre mémoire du monde par l’UNESCO. Aujourd'hui en Chine, 70 % des traitements sont basés sur les substances médicinales ; le reste se partage entre l'acupuncture, le massage et la diététique. 7 000 espèces de plantes médicinales au moins figurent au répertoire chinois de médicaments qui est l’une des sources les mieux documentées et les plus étendues. La pharmacopée (zhōng yào xué 中药学) est le vrai trésor de la médecine chinoise et représente l’une des alternatives les plus sérieuses aux médicaments chimiques de notre médecine conventionnelle. Elle s’administre sous forme d’infusions, de décoctions, de pilules, de poudre, de sirop, etc.

Le massage tuī ná

Le tuī ná (推拿) (littéralement, "presser/pousser et saisir/tirer") remonte, selon les découvertes récentes en archéologie, à la période néolithique (vers 2700 av. notre ère). La connaissance de cette méthode de traitement s'est graduellement consolidée de générations en générations. Les manipulations sont douces et pénétrantes, légères, mais puissantes. Ces massages permettent d'obtenir une grande variété d'effets régulateurs sur l'organisme et sont très largement pratiqués dans les hôpitaux chinois. Les techniques chinoises de massage et de normalisation ostéo-articulaire associées permettent d'agir sur les tissus et sur la capacité naturelle des mouvements. De fait, la médecine manuelle chinoise propose des soins aussi bien pour les traumatismes que pour des traitements pédiatriques, des troubles digestifs ou respiratoires, des troubles mentaux, la préparation des sportifs, les femmes enceintes et est complémentaire aux traitements de certaines grandes maladies.

 

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La diététique

Forte d'une expérience de 2 500 ans et issue d'une sagesse plusieurs fois millénaire, la diététique chinoise fait partie des piliers thérapeutiques incontournables de la médecine chinoise. En effet, les aliments ne sont pas seulement considérés comme des substances nutritionnelles, mais sont aussi des "médicaments" qui peuvent avoir un impact thérapeutique sur le corps. Sūn Sī-miǎo (孙思邈), médecin et alchimiste taoïste chinois (581-682), explique dans ses Qiān Jīn Yào Fāng (千金要方) Prescriptions majeures de milles onces d’or, que la bonne politique consiste à traiter une maladie par la diplomatie avant de passer aux moyens militaires, c'est à dire de "recourir à une alimentation appropriée et une diététique rigoureuse avant d'utiliser les médicaments". À la différence de la nutrition occidentale, la diététique chinoise ne s’intéresse pas à la composition chimique des aliments (vitamines, minéraux, calorie, graisse, etc.) ni de leur valeur calorique. En revanche, elle utilise leurs propriétés médicinales. La santé passe aussi par l'estomac.

 

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L'auriculothérapie

Le traitement par auriculothérapie (ěr zhēn liáo fǎ 耳针疗法) consiste à insérer des aiguilles ou à utiliser des graines, parfois des aimants, qui stimulent les points d'acupuncture du pavillon de l'oreille afin de prévenir et de traiter les maladies. Cette méthode entre dans le champ des réflexothérapies. Les méthodes de diagnostic et de traitements auriculaires figurent pour la première fois dans le Huáng Dì Nèi Jīng (黄帝内经), le Classique interne de l’Empereur Jaune (475 AEC - 220 EC). Aujourd'hui, l'OMS (l'Organisation Mondiale de la Santé) reconnaît l'efficacité de l'acupuncture auriculaire dans un certain nombre de maladies.

Les ventouses

La méthode des ventouses (huǒ guàn fǎ 火罐法) est utilisée en Chine depuis des millénaires. On utilisait initialement des cornes (jiǎo 角) de bétail dans lesquelles on allumait du feu pour expulser l'air et engendrer une pression négative à l'intérieur des cornes. Les premières descriptions de l'emploi des ventouses en Chine figurent dans le Bo Shu (un livre ancien écrit sur la soie) datant de la dynastie Han. Dans les années 1950, l'efficacité clinique a été confirmée par des recherches conjointes entre la Chine et des acupuncteurs de l'ex-Union soviétique, et est aujourd'hui une pratique thérapeutique officielle en milieu hospitalier dans toute la Chine. D'ailleurs, il y existe un dicton : "Acupuncture et ventouses soignent plus de la moitié des malades".

Le guā shā

La technique guā shā (刮痧) consiste à "gratter la maladie pour lui permettre de s'échapper à travers la peau". Pratiquée depuis des siècles dans toute l'Asie, où elle est particulièrement populaire en Chine, à Taiwan, au Vietnam, au Cambodge, au Laos et en Indonésie, elle consiste à dissoudre les stases (bù tōng zé tòng 不通则痛 "quand ça ne circule pas, alors il y a douleur") et permettre au sang de s'extravaser à la surface du corps, favorisant le retour à une circulation libre et normale. Les traces laissées par shā sur le corps contient également le facteur pathogène (énergie atmosphérique) responsable du blocage ; lorsqu'il a été libéré, l'intégrité normale de la zone est rétablie.

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La lithothérapie chinoise classique

La lithothérapie chinoise est une discipline qui tire ses origines de la médecine chinoise classique, distincte de la médecine traditionnelle chinoise modernisée. Sous l'influence du médecin taoïste Jeffrey Yuen, cette pratique a émergé de l'ombre imposée par la scientisation de la médecine chinoise. Les pierres, selon cette approche, possèdent des propriétés énergétiques en résonance avec des principes fondamentaux de la médecine chinoise, comme expulser le vent (qū fēng 祛风), tonifier le sang (bǔ xuè 补血), régulariser le qì (lǐ qì 理气), séparer le clair du trouble (bié qīng zhuó 別清浊), réguler le qì du foie (lǐ gān qì 理肝气). En considérant les pierres comme la cristallisation du jīng (精) de la Terre (dì 地), la lithothérapie vise à accéder, par résonance (gǎnyìng 感應), aux couches profondes de la vitalité humaine (yuán qì 元气), l’hérédité, difficilement atteints par les autres disciplines. Les pratiquants utilisent les pierres en les plaçant sur des points d'acupuncture, les incorporant dans des formules consommables, les utilisant dans des massages, ou les intégrant dans des pratiques telles que le fēng shuǐ (风水) et le qì gōng (气功). Cette approche holistique s'inspire des principes philosophiques et énergétiques profonds de la médecine chinoise, offrant une alternative complémentaire pour promouvoir le bien-être physique et émotionnel.

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Méthodes pour "cultiver" la santé

Yǎng Shēng (养生), "nourrir la vie", c'est savoir comment entretenir sa santé et vivre mieux plus longtemps. Ces méthodes sont issues de l'expérience transmise par les sages de la Chine ancienne, adeptes de la philosophie taoïste (l'une des trois grandes écoles philosophiques chinoises – les deux autres étant le confucianisme et le bouddhisme). On retrouve les notions de "traiter de manière préventive les maladies" et de "contrôler une maladie déjà existante" dans le Huáng Dì Nèi Jīng (黄帝内经), le Classique interne de l’Empereur Jaune (475 AEC - 220 EC). Plusieurs aspects sont à considérer, qui sont à la portée de tous parce que simples et directement applicables : l'harmonie avec la nature, l'alimentation, l'alternance du repos et de l'activité, le surmenage corporel, le surmenage intellectuel et émotionnel. Longévité et santé sont deux notions inséparables.

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